Agenda 2063 : le Congo s’autoévalue pour mieux se projeter
Les experts nationaux se sont réunis, le 15 novembre à Brazzaville, pour examiner et valider le premier rapport national de suivi de la mise en œuvre du plan décennal de l'Agenda 2063 de l’Union africaine(UA). Le pays a, certes, fait des progrès, mais il lui reste de nombreux défis à relever.
À l’instar des autres pays africains, la République du Congo a intégré l’agenda de développement de l’UA dès son lancement en 2013. Le premier plan décennal de l'Agenda 2063 a conduit le gouvernement à adopter et mettre en œuvre des documents de planification nationale, par exemple, les Plans nationaux de développement(PND) 2014-2018, PND 2018- 2022 et PND 2022-2026.
Au cours de la dernière décennie, le pays a enregistré des avancées notables, selon la ministre du Plan, de la Statistique et de l’Intégration régionale, Ingrid Olga Ghislaine Ebouka-Babackas, en matière d'égalité homme-femme et de lutte contre les violences basées sur le genre. Dans cette optique, ont été adoptées la loi « Mouebera » et la loi sur la protection de l'enfance. En matière de la consolidation de la paix, l’accord sur la cessation des hostilités a été signé entre le gouvernement le groupe armé « Ninja », permettant la réinsertion sociale des jeunes impliqués.
Des investissements importants ont été réalisés, a-t-elle ajouté, dans le domaine de la santé, de l'éducation, de l'énergie et de l'hydraulique. Concernant l'intégration physique, le gouvernement congolais a investi dans la construction des routes inter- États Ketta-Djoum, dans le but de relier Brazzaville et Yaoundé.
« Le gouvernement entend poursuivre la réalisation des projets intégrateurs avec un accent sur les infrastructures, l'énergie, le numérique et l'amélioration du climat des affaires. Pour mesurer les acquis engrangés dans l'exécution du premier plan décennal, et conformément aux recommandations de la commission africaine, le Congo a élaboré ce premier rapport de suivi qui s'inscrit certes dans le cadre de l'évaluation de l'exécution du premier plan décennal de l'Agenda 2063 mais aussi dans la perspective de l'élaboration du prochain plan décennal, qui couvrira la période 2023 à 2033 », a signifié Ingrid Olga Ghislaine Ebouka-Babackas.
Les principaux chantiers demeurent la mobilisation des ressources financières, le renforcement des capacités des ressources humaines et la réalisation régulière des enquêtes statistiques. L’exécutif mise sur le succès du nouveau PND 2022-2026, dont les axes prioritaires reposent l’agriculture, le numérique, le tourisme, l’immobilier, les Zones économiques spéciales et l’industrie. Il appelle donc les partenaires au développement et le secteur privé à contribuer au financement de son programme quinquennal.
Rappelons qu’une copie du rapport de suivi de la mise en œuvre de l’agenda 2063 sera transmise à la commission économique de l'UA, qui va l’insérer dans le rapport global africain sur la mise en œuvre du premier plan décennal. Chute : Au cours de cette évaluation, nous notons que la réalisation de ce plan décennal est intervenue dans une période de marasme économique induit par une succession de facteurs. Tout d'abord. la baisse brutale des cours mondiaux du pétrole. Cette chute est à l'origine de la récession dans laquelle l'économie congolaise a été plongée à partir de 2016. Elle s'est traduite par la contraction du budget de l'Etat, principal instrument de financement des projets de développement du Congo. Les finances publiques congolaises ont ensuite été marquées par le poids de l'endettement. En effet, en 2019, la dette du Congo a atteint 120% du PIB. Ce qui a contraint le Gouvernement a privilégié le remboursement du principal et du service de la dette, parfois au détriment du financement des projets susceptibles d'accélérer la croissance économique et d'améliorer le cadre de vie des populations. Enfin, en 2020, à l'instar d'autres Etats du monde, le Congo, a été durement affecté par les conséquences de la pandémie à coronavirus. Les faillites d'entreprises, la baisse de la demande pétrolière, le ralentissement des investissements privés, la hausse des dépenses publiques sociales sont quelques-unes de ces conséquences désastreuses. Résultat de cette morosité ambiante : le Congo a enregistré un taux de croissance du PIB réel négatif à-3,1% sur la période 2013-2020, loin de la cible de 7% fixée par l'Agenda 2063 ; le taux de contribution du tourisme, de l'agriculture et des industries manufacturières, est demeuré, sur la même période, à des niveaux très en deçà de la cible du programme continental. Toutefois, ces contreperformances peuvent cependant dissimuler des progrès notables réalisés dans plusieurs domaines.
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